![Grand écran Grand écran](https://www.moneytalkgo.com/wp-content/themes/electron/views/tdtheme/img//icon-large-player.png)
Le prix de l’or est élevé depuis le début de l’année, mais le récent ralentissement des achats par les banques centrales mondiales soulève des questions quant aux perspectives qui se profilent. Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk des possibles facteurs favorables et défavorables pour ce métal précieux.
Print Transcript
L'or a connu une belle progression au printemps, mais le ralentissement des achats des banques centrales et les inquiétudes quant à la baisse des taux d'intérêt par la Fed sont devenues des vents contraires pour le métal jaune. Notre invité affirme que les perspectives à long terme peuvent être positives. Bart Melek de Valeurs mobilières TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Bart. Bonjour Greg. Merci de m'inviter. Alors, un rapide cours d'histoire. Je ne sais pas si le temps a ralenti, mais ce n'était qu'au mois de mai que nous avons atteint des sommets pour le cours de l'or. Pourquoi? Et pourquoi avons-nous reculé depuis lors? L'or avait très nettement progressé jusqu'à ce moment-là. À mon avis, les niveaux d'aujourd'hui ne sont pas si mal que ça. Au contraire, ils sont fort élevés. Pourquoi l'or avait-il tellement progressé? Paradoxalement, au cours des quelques mois précédents, il y a une hausse de quelque 400 $ pour atteindre des records. Le principal facteur, c'était les achats d'or métal par les banques centrales en Asie. Beaucoup de commentateurs estimaient que c'était un facteur important, et beaucoup d'investisseurs asiatiques se préoccupaient de leur monnaie et de leur économie, qui ne donnaient pas les résultats escomptés. Ils s'attendaient à ce qu'un desserrement de la politique monétaire pourrait maintenir les devises à un niveau bas. Les achats des banques centrales jusqu'ici, il y avait eu 18 mois consécutifs d'achats par les banques centrales. Ces dernières étaient au premier plan sur le marché de l'or métal. En fait, depuis plus de deux ans, les banques centrales achètent beaucoup. L'année précédente, en 2022, il y a eu un quasi record; en 2023, un record. Cette année, ce sera peut-être plus lent, mais toutefois, les achats sont très élevés. C'est inhabituel, car lorsque la Fed relève les taux d'intérêt, l'or en général n'a pas tendance à donner de bons résultats. Cette fois-ci, ça a été le cas, et c'était essentiellement à cause de la participation hors de l'Amérique du Nord. Il y a eu une absence d'achat par les FNB, les acheteurs spéculatifs en Amérique du Nord et en Europe n'ont pas vraiment participé. Le marché ne tournait pas encore à plein régime. Parlons de la trajectoire pour l'avenir. Qu'est-ce qui pourrait relancer la remontée de l'or? Il y a un facteur principal selon moi. Ce serait un degré de certitude quant au moment où la Fed va commencer à réduire les taux d'intérêt. Il y a beaucoup de flottement, on pense que la Fed pourrait changer d'avis. Ou s'il y a une déclaration qui est empreinte de fermeté, s'il y a déclaration qui est empreinte d'une politique accommodante, les marchés changent constamment d'opinion. L'inflation salariale continue d'augmenter à 4,1 %. Les derniers chiffres sur l'emploi aux États-Unis sont assez robustes: 272 000 emplois créés. Et cela a engendré un net recul de 100 $ depuis le niveau record. La Banque populaire de Chine a peut-être marqué une pause dans ses achats d'or, comme nous l'avons dit. Celle-ci était au premier plan des achats par les banques centrales. Le mois dernier, la Banque populaire de Chine n'a rien acheté du tout. Les achats étaient de 72 millions d'onces, ce qui n'a rien changé par rapport au mois précédent. Les exportations et importations en provenance de Hong Kong à destination de la Chine continentale et vice versa étaient en baisse de 30 %. Les marchés en ont conclu que les coûts de transaction sont peut-être plus élevés, les coûts d'opportunités sont plus élevés, le rendement demeure élevé. Le dollar américain va demeurer fort. Il y a maintenant moins d'activité du côté de l'or métal, au niveau des banques centrales. Cela a engendré un recul considérable, comme je l'ai dit, du cours de l'or en deçà de 2300: un point en deçà. Il y a eu une remontée après la parution des chiffres de l'IBC, qui ont montré que l'inflation pourrait être maîtrisée. Et puis, il y a eu des données montrant la vigueur de l'économie qui nous ont fait redescendre. Ce sont des montagnes russes. Et les fluctuations sont déterminées par la trajectoire de l'économie et les conclusions qu'en tire le marché quant à l'effet sur la politique monétaire de la Fed. La politique monétaire est au cœur de tout. L'incertitude quant à la politique monétaire, quant aux décisions prises par la Fed, une coupure de taux, peut-être aucune. Au niveau des achats par la Chine, pourquoi? Leurs coffres-forts sont-ils pleins ou bien leur appétit est-il rassasié? Il est difficile à dire. Tout ce que j'affirme ici constitue une pure spéculation de ma part. Mais je dirais que seulement 5,1 % de leurs énormes réserves de 3,2 billions de dollars sont sous forme d'or métal. C'est très peu par rapport aux États-Unis à 72 %. L'Allemagne a plus de 70. La Russie: plus de 25 %. Donc, quand on compare les réserves de la Chine à celles des autres pays, tout d'abord, leurs réserves sont beaucoup plus importantes, et deuxièmement, elles comportent une proportion d'or beaucoup plus faible, à mon avis, que les concurrents géopolitiques du pays. Les banques centrales en général, pas seulement la Banque populaire de Chine, ont deux inquiétudes. Tout d'abord, la géopolitique. Nous savons que les tensions dans la mer de Chine du Sud sont en hausse. J'ai écrit plusieurs rapports à ce sujet, dont un récemment sur l'impact de l'élection américaine sur les produits de base, y compris l'or. Si Trump gagne, il y aura sans doute davantage d'affrontements entre la Chine et les États-Unis, des déficits qui se creuseront. Les banques centrales se disent que si un conflit se déclare avec les États-Unis, le dossier de Taiwan pourrait s'envenimer, des incidents pourraient survenir dans la mer de Chine du Sud, et cela engendre la possibilité, que nous ne prédisons pas, mais le risque augmente. Et la possibilité d'un régime de sanctions à l'encontre de pays non occidentaux qui pourraient être affiliés avec l'autre camp, si vous voulez. Donc, si vous êtes surtout orientés vers le dollar américain et vers l'euro dans vos réserves, vous voudrez peut-être diversifier celles-ci. Nous savons quelle a été l'expérience de la Russie, qui a été négative. Une bonne proportion, la moitié des réserves de devises de la Russie ont été gelées. Elle n'y a plus eu accès. Et à présent, comme votre auditoire l'aura entendu dire, on envisage de saisir ses réserves afin de reconstruire l'Ukraine. Et sans doute sans la permission de la Russie. Donc, s'il s'agit d'un risque, les pays qui pourraient éprouver des difficultés dans l'avenir - je ne dis pas que ce sera le cas, mais il faut calculer ces risques... Les pays en question pourraient vouloir détenir moins de ces monnaies papier qui pourraient être confisquées, ou baisser de valeur, et détenir une plus forte partie de leur réserve en or. Et on l'a déjà vu. Par ailleurs, il n'y a pas que la question géopolitique. Les États-Unis ont une dette de 35 billions de dollars. L'or est une protection contre l'inflation. Les deux camps, quel que soit le parti au pouvoir, il y aura de fortes dépenses. Le Bureau congressionnel du budget prévoit un déficit de 8,4 billions de dollars. Je ne sais pas ce que ce sera l'an prochain, mais le consensus et le Bureau du budget prévoient 1,6-1,8 billion en plus des billions qu'il a déjà eus. Et la constante, c'est qu'à long terme, au fur et à mesure que la population vieillit, il faudra dépenser dans l'assurance-maladie, l'assurance médicaments, il faudra verser des retraites... Dans une large mesure, les régimes de retraite ne sont pas provisionnés. Autrement dit, il y aura des dépenses gigantesques. Et à ma connaissance, aux États-Unis, les gens n'ont nullement l'intention de verser des impôts plus élevés. Ils apprécient les services qu'ils reçoivent, mais ils n'ont pas intention de voir augmenter leurs impôts. Donc, il y aura sans doute des déficits importants, et des niveaux d'endettement plus importants pour les 30 dernières années. Comment rembourser? L'inquiétude serait que l'État pourrait recourir à la monétisation, aux outils monétaires, ce qui signifierait sans doute une inflation supérieure à la tendance. Et en général, c'est une bonne chose pour l'or.